Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/238

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— Quelles choses, je vous prie ? demanda Saint-Clair.

— Pour l’univers entier je ne voudrais humilier qui que ce fût ; — mais, quant à embrasser…

— Ah, les nègres ! j’entends. Vous n’y êtes pas faite, je vois.

— Non, vraiment ; comment a-t-elle ce courage !

Saint-Clair sourit et entra dans le passage en appelant :

— Holà ! ici, tous tant que vous êtes ! — que je paye ma bienvenue, allons, tous ! — Mamie, Jemmy, Polly, Sonkey, — est-on content de revoir maître ? disait-il, passant de l’un à l’autre, échangeant des poignées de main : « Gare aux marmots ! ajouta-t-il en trébuchant contre un négrillon qui cheminait à quatre pattes : Si j’écrase quelqu’un, qu’il m’avertisse ! »

Une averse d’éclats de rire joyeux et de bénédictions entassées sur « bon maître » accueillirent les petites pièces d’argent qu’il distribuait à la ronde.

« Maintenant, allez tous à votre besogne comme de braves filles et d’honnêtes garçons, » reprit-il, et la foule bigarrée se dispersa aussitôt, suivie d’Éva chargée du grand sac, qu’à son retour au logis elle avait rempli, tout le long de la route, de pommes, de noix, de sucre candi, de rubans, de galons, de dentelles et de diverses autres babioles.

Saint-Clair s’en retournait lorsque ses yeux tombèrent sur Tom, qui, tout décontenancé, se dandinait d’un pied sur l’autre, sous les regards d’Adolphe ; ce dernier, appuyé contre la balustrade, le lorgnait avec l’impertinence d’un dandy achevé.

« Eh bien ! Jocko ! dit le maître, rabattant le lorgnon d’un revers de sa main, est-ce ainsi qu’on accueille un camarade ? — Eh, vraiment ! poursuivit-il, le regardant de plus près, et posant l’index sur le brillant gilet qu’étalait Adolphe : Qu’est-ce que tu as là ? Il me semble que ceci est de ma connaissance !

— Oh, maître ! tout taché de vin ; maître n’est pas