Page:Belon - L’histoire naturelle des estranges poissons marins.djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le portraict du Paon de mer.

Il n’y a persõne qui ne cognoisse bien la Vive, que les Grecs ont autres fois nommee Dragon de mer, & encor maintenant elle est nommee en Latin de ce nom la : & toutesfois elle ne resemble en rien au Dragon, sinon aucunement en couleur. Ceuls qui ne l’avoient pas entendu, nous peignoient des Dragons faicts a plaisir, tels que sont ceuls que nous voions cõtrefaicts avec des raies desguisees, a la façon d’un serpent volant. Il y a encor plusieurs autres poissons, qui ne tiennent sinon que bien peu de la tache qu’on leur attribue des choses dont ils tiennent les noms. Quelle similitude de Cithara ou Harpe ha Citharus, pour estre ainsi nommé, & dedié au Dieu Apollo ? Les uns le nõment Cantarus : les autres, comme a Marseille encor pour le iourd’huy, le nomment Pesce cantena. Il ne scait chanter, & n’ha la similitude de vaisseau cõme son nom en Italien le porte, car tout ainsi qu’ils le nomment una cantara aussi nomment ils un vaisseau a tenir du vin, un Cantaro. Mais quãt aus Françoys ne sachants ne d’Apollo, ne de Cantaro le nommẽt une Bremme de mer, a la similitude d’une Bremme d’eaue doulce. Car le voiants ainsi large, ils luy ont baillé ce nom la qu’ils scavoient de l’autre a qui il est moult semblable. Les Romains le nomment Zaphile, ceuls de Genes una tanua & les François une Bremme de mer : du quel poisson la presente est la vraie peincture.