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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/108

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MA FEMME

nature humaine, ses défaillances et ses découragements.

Depuis lors, je n’osai plus pénétrer dans la chambre de ma femme, et, chose étrange, je n’osai plus me plaindre : sa porte ne m’était-elle pas ouverte à deux battants ; s’était-elle étonnée de mon intempestive visite ? Non. Je n’avais à lui reprocher que la froideur de son accueil ; mais cette froideur, j’aurais dû la vaincre et je ne l’avais pas su. J’étais vraiment désespéré. Je n’avais plus aucun espoir, aucune ressource.

Je m’étais autrefois demandé si je ne devais pas confier mes peines à Mme Giraud, s’il ne me serait pas permis de lui dire : « En me donnant votre fille, vous ne vouliez pas que nous vivions séparés et nous le sommes, usez de votre influence auprès d’elle pour lui faire comprendre que le mariage n’est pas absolument une sinécure. »

Mais que serait-il arrivé ? Mme Giraud aurait fait appeler sa fille, qui lui aurait répondu (si elle avait daigné répondre, ce qui n’était pas bien prouvé) : « Mon mari est un calomniateur ; si, par un sentiment de pudeur exagérée, je lui ai quelquefois fermé ma chambre, je ne la ferme plus. Rien ne l’empêche d’y pénétrer et il y pénètre. S’il ne s’y trouve pas bien, c’est sa faute et non la