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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/157

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MADEMOISELLE GIRAUD

mon humble demeure, donnez-vous la peine de me suivre.

Comme je ne répondais pas, elle prit le bras de Paule et marche devant moi.

Je la suivis.

Nous entrâmes dans le boudoir.

Alors je pus parler. J’aurais aussi bien fait de me taire, car je ne trouvai à dire que cette phrase, au moins inutile :

— Ainsi, je suis chez vous !

— Comment, si vous êtes chez moi, s’écria-t-elle en riant. Vous en doutiez ? Chez qui donc pensiez-vous entrer, de cette façon cavalière ? Chez vous, peut-être. J’avoue que vos allures s’expliqueraient mieux. Mais non, vous êtes chez moi, bien chez moi. Vous vous étonnez que je possède deux domiciles. C’est on ne peut plus simple. Rue Caumartin, on me dérange sans cesse ; il y a toujours quelqu’un de pendu à ma sonnette ; je n’ai pas un instant de liberté. Ici, je jouis d’une tranquillité parfaite. Je me retire dans ce réduit, comme les sages se retiraient au désert, pour rêver. Dans ce boudoir j’ai tous les avantages de la campagne : le silence, l’isolement, le calme, le repos, et je n’en ai pas les ennuis : le chant du