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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/158

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MA FEMME

coq, les aboiements des chiens, l’odeur de l’étable. J’arrange ma vie comme je l’entends, moi, mon cher monsieur, je ne dépends de personne, je suis un garçon.

Elle avait débité tout cela, d’un trait, sans se reposer, dans le but sans doute de m’étourdir avec ce verbiage, et de dominer la situation.

Elle s’arrêta pour reprendre haleine, et avec une profonde habileté, elle vint d’elle-même au-devant des objections que j’aurais pu faire, des étonnements que je pouvais ressentir.

— Je vous vois, dit-elle, en souriant, jeter autour de vous des regards… ahuris, permettez l’expression. Vous vous dites que pour une retraite, ce boudoir est bien luxueux, cet ameublement bien excentrique. Ce grand divan circulaire, ces glaces de Venise, ces groupes sur la cheminée, avouez-le, vous suffoquent un peu. Mon cher monsieur, si j’ai placé des statuettes sur ma cheminée au lieu d’y mettre une pendule, suivant l’usage, c’est que d’abord je déteste les usages, et qu’ensuite, je me plais ici à oublier l’heure. Ce divan est un délicieux meuble, dont j’avais remarqué le modèle à l’exposition universelle, dans la partie réservée à la Turquie. Tenez, étendez-vous un peu, vous verrez comme on est bien. Quant aux

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