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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/159

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MADEMOISELLE GIRAUD

glaces vous m’en auriez dit des merveilles, si vous aviez fait votre petite… irruption, chez moi, une demi-heure plus tôt. Alors les bougies étaient allumées, le feu flambait, mille lueurs se réfléchissaient dans tous ces petits miroirs ; c’était divin. Mais je me proposais de sortir un instant après le départ de Paule, j’étais loin de vous attendre, et j’ai cru pouvoir éteindre le feu, souffler les bougies et permettre au soleil de se montrer. Le malheureux, il ne produit ici aucun effet… pardonnez-lui.

Je n’avais pas besoin de la recommandation de Mme de Blangy pour pardonner au soleil ; ce n’était pas à lui que j’en voulais.

Du reste, à qui en voulais-je ? Je ne savais plus. La comtesse avait réussi à m’étourdir. La tête me tournait. Pendant qu’elle me parlait de la cheminée, du divan et des glaces, mes yeux s’étaient portés alternativement vers les points et les objets qu’elle me désignait. Maintenant, je regardais machinalement le fameux peplum que je vous ai décrit avec tant de soin : je l’apercevais négligemment étendu sur le divan, près de la place où Paule était assise. C’était tout bonnement à Mme de Blangy qu’il appartenait, et dire qu’il m’avait si fort impressionné ! J’en avais, avec ivresse, caressé le satin, j’avais délicieu-