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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/161

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MADEMOISELLE GIRAUD

qu’on lui ait désobéi, qu’on ait transgressé ses ordres ; il avait défendu à sa femme de me revoir et elle me revoit. Il l’a suivie et il a malheureusement acquis la preuve de sa désobéissance.

Elle vint s’asseoir ou plutôt s’étendre près de moi, sur le divan et continua :

— Voyons, raisonnons un peu. D’abord pour ce qui me concerne, je vous déclare que je ne vous ai pas gardé rancune, un seul instant. Vous êtes jaloux de toutes les affections que peut ressentir votre femme ; vous exigez qu’elle n’aime que vous. C’est au moins prétentieux, mais il n’y a pas là de quoi m’offenser. Lorsque Paule est venue, il y a deux mois, m’annoncer la mesure que vous aviez prise à mon égard, l’ostracisme dont vous me frappiez : « Pauvre garçon, me suis-je écriée, comme il t’aime ! »

Vous le voyez, je suis bonne princesse, comtesse, devrais-je dire. Je vous en aurais voulu davantage, il est vrai, si j’avais pu craindre que vous parviendriez à me séparer de mon amie d’enfance, si je n’avais pas trouvé moyen de vous obéir, tout en vous désobéissant ; en un mot, si je n’avais pas habilement tourné la difficulté.

Il refuse de me recevoir ? dis-je à Paule. — Hélas !