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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/162

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MA FEMME

oui, fit-elle, en soupirant. — Eh bien ! c’est son-droit, je me consigne, de moi-même, à sa porte. Il te défend aussi de me faire visite ? — Oui, murmura la pauvrette avec un nouveau soupir. — Il faut lui obéir, ma chère, les ordres d’un mari, vois-tu, c’est sacré, tu ne mettras plus les pieds rue Caumartin. Mais il ne peut t’avoir défendu d’aller rue Laffitte, puisqu’il ne connaît pas ma petite maison de campagne, mon ben retiro. Tu y viendras, deux ou trois fois par semaine, passer une heure avec moi. Nous fermerons les persiennes, nous allumerons les bougies, nous nous étendrons sur le grand divan, nous fumerons des cigarettes turques et nous dirons de ton mari le plus de mal possible, pour nous venger de sa férocité. Ce sera charmant. » Voilà ce que nous avons osé faire, cher monsieur. Si nous sommes coupables, prenez un de ces coussins et étouffez nous comme on fait en Turquie. Ce sera de la couleur locale. Si vous nous pardonnez de nous aimer depuis le couvent et de ne pouvoir vivre séparées l’une de l’autre, quittez cet air rébarbatif qui me rappelle Barbe-Bleue, et acceptez cette cigarette.

Elle continua, pendant plus d’une demi-heure, à parler de la sorte. Lorsque nous primes congé d’elle, ni Paule,