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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/195

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MADEMOISELLE GIRAUD

amabilité à une entière réserve, et je viens franchement vous les demander.

— La réserve à laquelle vous faites allusion, monsieur, répondit le comte, n’a rien qui vous soit personnel. Je vous prierai de vouloir bien l’attribuer à des préoccupations graves qui m’ont tout à coup assailli.

— S’il s’agissait seulement, répliquai-je, de cicatriser une blessure faite à mon amour-propre, je pourrais me contenter de cette réponse ; elle est des plus convenables, je le reconnais. Mais mon amour-propre n’est pas engagé ici. Permettez-moi de faire appel à vos souvenirs. Nous avions passé la plus grande partie de la journée ensemble, nous causions amicalement, nous venions même de nous présenter l’un à l’autre, afin de cimenter, en quelque sorte, notre liaison, lorsqu’il m’est arrivé de prononcer le nom de demoiselle de ma femme ; aussitôt, votre voix, votre regard, vos manières, se sont pour ainsi dire métamorphosés ; devant la porte de l’hôtel, vous avez pris congé de moi avec une brusquerie à laquelle vous ne m’aviez pas habitué ; depuis, vous ne m’avez plus adressé la parole. Veuillez vous mettre un instant à ma place. Ne vous diriez-vous pas : il y a là évidemment