Aller au contenu

Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
204
MADEMOISELLE GIRAUD

femme à vous suivre en voyage ? À l’étranger, cette surveillance devenait inutile.

— Erreur ! Le jour où je l’aurais laissée seule, un instant, à l’hôtel, elle se serait élancée, comme une flèche, dans le premier convoi marchant vers Paris et n’aurait pas tardé à rejoindre son inséparable amie,

— Mais si, m’écriai-je avec force, Mme de Blangy avait su ne pas devoir trouver cette amie à Paris ; si pendant que vous entraîniez votre femme en voyage, Mlle Giraud avait été elle-même brusquement arrachée de la rue Caumartin ; si, pendant que vous dirigiez l’une vers l’Amérique, par exemple, on avait dirigé l’autre vers la Russie, sans les prévenir, sans leur faire part de l’itinéraire qu’on devait suivre, où se seraient-elles retrouvées, quelle époque se seraient-elles revues ?

Je m’arrêtai pour jouir de l’effet que mon idée devait avoir produit sur le comte.

— Qui donc, me dit-il, aurait eu la volonté et le pouvoir d’arracher Mlle Giraud de Paris, et de lui faire parcourir le monde contre son agrément, pendant un temps illimité ? Ni son père ni sa mère assurément.

Pénétré de mon sujet, je l’interrompis, en m’écriant :

— Eh ! monsieur le conte, je ne parle pas de ce que