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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/247

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MADEMOISELLE GIRAUD

« Le plus souvent, j’en suis persuadée, ce ne sont pas les hommes qui perdent les femmes ; ce sont les femmes qui se perdent entre elles. »

Vous le voyez, mon cher ami, elle en était arrivée, d’elle-même, sans reproche et sans morale, à juger son existence passée et à la condamner.

Je puis vous affirmer qu’elle parlait en toute sincérité, sans intention de m’inspirer une confiance dont elle abuserait plus tard ou de me faire concevoir d’elle une meilleure opinion. Elle était entrée franchement dans une voie nouvelle, avec cette vivacité, cette hardiesse, cette sorte de franchise relative, que vous avez dû reconnaître en elle, si j’ai su vous dépeindre son caractère. Mais, ainsi qu’elle l’avouait elle-même, le temps seul pouvait la maintenir dans cette voie, la fortifier dans ses résolutions, effacer de son esprit les impressions premières, et la rendre inaccessible aux influences si longtemps exercées.

Hélas ! j’étais trop heureux des résultats obtenus pour m’inquiéter de l’avenir ; le temps viendrait à mon aide, je n’en devais pas douter. Quel événement, quel accident pouvaient troubler l’œuvre qui s’accomplissait ? Notre retraite n’était-elle pas ignorée de tous et Paule