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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/271

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MADEMOISELLE GIRAUD

vous avez eue de revenir ! s’écriait-elle à chaque instant ; on n’est pas plus aimable ; moi qui désirais tant voyager ! Nous allons dans le Nord, oh ! que je suis heureuse ! Comme c’est mal à vous de n’avoir pas eu cette idée plus tôt ! Je m’ennuyais tant à Paris. Mais savez-vous, mon cher, que vos courses à travers le monde vous ont beaucoup profité. Vous avez rajeuni ; où vous donnerait trente ans à peine. Je me reprends d’une belle passion pour vous. »

J’aurais pu croire, en vérité, qu’elle disait vrai ; continua M. de Blangy, si je ne l’avais pas tenue depuis longtemps pour la plus fausse des femmes et si je n’avais pas deviné son jeu. Ce jeu, voulez-vous le connaître (nous n’avons pas de secrets l’un pour l’autre, et, du reste, ai-je des ménagements à garder envers cette créature qui ne me tient plus par aucun lien), elle joua vis-à-vis de moi le rôle de Dalila vis-à-vis de Samson. Pendant tout ce voyage elle me satura de son amour, afin de me livrer aux Philistins, c’est-à-dire de prendre la fuite, sans qu’il me revint à la pensée de la poursuivre. Avec son esprit si vif, elle avait admirablement compris que je ne l’aimais plus depuis longtemps, que mon cœur n’était pour rien dans mon retour vers elle, mais que mon imagination encore