Aller au contenu

Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/272

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
267
MA FEMME

excitée par le souvenir d’une liaison de six mois, brusquement interrompue, demandait à être assouvie.

Mme de Blangy avait assez de souplesse dans l’esprit pour calmer l’imagination la plus exaltée. Elle vint à bout de la mienne : lorsqu’elle me quitta, un soir à Dublin, j’éprouvai, je vous le jure, un grand bien-être, et je n’aurais jamais songé à la poursuivre, si je ne m’étais pas souvenu de l’engagement contracté envers vous.

Cet engagement, il me fut impossible de le tenir, et vous allez bien rire du tour qu’elle n’a joué ; il est digne d’elle. En me quittant elle avait emporté mon portefeuille contenant toutes mes valeurs ; je me trouvais comme on dit vulgairement, en plan, à l’hôtel. Je fus obligé d’écrire en France et de demander des fonds. Ils m’arrivèrent au bout de huit jours, en même temps que mon portefeuille : Mme de Blangy me le renvoyait (sans l’avoir ouvert, je dois lui rendre cette justice) ; c’était me dire qu’elle était en sûreté et que je pouvais maintenant la suivre.

J’ai peut-être mis, mon cher monsieur, quelque nonchalance dans toute cette affaire, ne m'en gardez pas rancune, je n'avais plus de courage pour la lutte. L’idée de ce voyage en partie double vous appartient ; je ne vous le