Aller au contenu

Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
48
MADEMOISELLE GIRAUD

mari fondait sur moi ; ou bien, en rapports continuels avec Paule, avait-elle eu à souffrir de son caractère, et craignait-elle qu’il ne fit sur mon esprit une fâcheuse impression.

Peu à peu, cependant, lorsqu’elle vit que je m’éprenais tous les jours plus sérieusement de sa fille, et que les défauts de celle-ci ne semblaient pas m’effrayer, la glace se fondit, et cette honnête femme me prit en véritable affection.

Quant à Paule, je ne pourrais jamais l’accuser de s’être montrée coquette envers moi, et de m’avoir conduit au mariage par une pente douce. Elle me témoigna dès la première visite une indifférence dont elle ne se départit jamais tout le temps que je lui fis la cour. Mais, sans passer pour trop innocent, je pouvais me tromper sur la nature du sentiment que j’inspirais. Ce qu’on est senti d’appeler de la froideur chez une jeune fille n’est souvent que de la réserve et de la timidité. On se réjouit de ce qui pourrait effrayer, et les moins infatués de leur personne se promettent, après le mariage, de jouer avec leurs femmes le rôle de Pygmalion avec Galatée. Un tel rôle devait paraître séduisant avec la personne que j’ai essayé de vous peindre, et tout semblait indiquer qu’il suffirait d’un souffle pour animer cette admirable statue.