Aller au contenu

Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
50
MADEMOISELLE GIRAUD

triste, et je ne vous demande pas de vous attendrir sur mon sort ; mais, en historien fidèle, je dois vous faire part de mes petites tribulations.

Les derniers jours qui précèdent un mariage mettent le système nerveux dans une véritable surexcitation. On a tant de tracas, il faut s’occuper de tant de choses.

Un ami vous éveille pour vous adresser ses compliments de… condoléance ; une ancienne maîtresse vous envoie quatre pages d’épigrammes, elle feint de confondre votre mariage avec votre enterrement, et elle se propose, quoiqu’elle n’y soit pas conviée, d’assister à cette triste cérémonie. Les Villes de France se recommandent à vous pour la corbeille de mariage ; un marchand de cachemires vient à domicile vous offrir ses produits exotiques. Les dames de la halle vous apportent un bouquet, et le directeur d’un bureau de nourrices, oui, mon cher ami, d’un bureau de nourrices, ne craint pas de vous écrire pour vous prier de songer à lui lorsque le moment sera venu.

On doit aussi presser le tapissier qui n’a pas encore livré les meubles de la chambre nuptiale, faire des visites indispensables, commander le bouquet quotidien, les voitures obligées, passer chez le tailleur, à la mairie, prier