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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/68

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MA FEMME

plusieurs questions avec un esprit, une justesse de vues, souvent même une profondeur qui me causèrent un véritable étonnement.

J’avais cru épouser une toute jeune fille qu’il faudrait déniaiser, et j’étais en présence d’une femme déjà faite, spirituelle, mordante, prompte à la réplique, avec une pointe de philosophie et peut-être de licence dans l’imagination.

— Mais ma chère amie, demandai-je, où avez-vous appris tout cela ?

— Je n’ai rien appris, me dit-elle en souriant. J’ai tout deviné.

— Il faut que vous ayez bien de l’imagination.

— Oh ! oui, j’en ai beaucoup ; trop même, pour mon malheur et peut-être pour le vôtre.

— L’imagination, lorsqu’elle est bien dirigée, n’est pas un mal.

— Oui, mais il faut qu’elle soit bien dirigée, ajouta Paule en soupirant.

— Comment, repris-je, ne me dévoilez-vous qu’aujourd’hui toutes vos délicieuses qualités ?

— Parce que me dit-elle, je ne suis pas coquette. Je vous avais conseillé de ne pas m’épouser, et je ne devais