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Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/95

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MADEMOISELLE GIRAUD

plus de votre tentative de ce soir et de votre emportement de tout à l’heure. Je suis trop intelligente, croyez-le bien, pour ne pas les expliquer et les excuser.

— Pourquoi, lui dis-je, ne m’avez-vous jamais parlé avec cette douceur et cette raison ?

— J’avais peur de vous voir vous méprendre sur la nature des sentiments que vous m’inspirez et d’encourager un amour auquel je ne saurais répondre.

— Ces dernières paroles, ma chère Paule, se sont pas d’accord avec ce que vous disiez tout à l’heure. Si vous me reconnaissez des qualités, si vous avez pour moi une véritable affection, je puis espérer.

— Non, non, fit-elle en m’interrompant avec vivacité ; vous ne pouvez rien espérer, et c’est justement pour cela que j’hésitais à vous ouvrir mon cœur. Je craignais le raisonnement que vous venez de faire.

— Avouez qu’il est assez logique.

— Très-logique, j’en conviens ; sans quoi je ne l’aurais pas redouté.

— Je ne vous comprends pas.

Elle garda le silence.

— Voyons, repris-je, car je voulais profiter des dispositions où elle semblait se trouver, fiez-vous à ma vive