Page:Beltjens - Le condor captif, Aurore, 1885.djvu/11

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Les feux du jour mourant sur les coteaux flétris,
Lorsque le soir soupire autour des mausolées,
Où sont couchés les morts que nous avons chéris.

C’est dans le port, auprès du navire qui fume,
Le signal précédant les suprêmes saluts ;
C’est le steamer qui fuit, emportant dans la brume
Des amis que peut-être on ne reverra plus.

C’est le cri des oiseaux de passage en automne,
Quand l’hiver est prochain, partant vers d’autres cieux,
Cri puissant qui soulève en nos seins qu’il étonne
Un retentissement d’échos mystérieux !

C’est toute joie, hélas ! d’une ombre en deuil suivie ;
Tout ce qui brille un jour et meurt en ce bas lieu ;
C’est tout ce que l’on aime un instant dans la vie,
Qu’on voudrait retenir et qui nous dit adieu !

Aux palais d’Orient c’est la voix des prophètes
Qui sortent du sérail, le cœur épouvanté,
Criant de leur terrasse aux gardes stupéfaites :
Vanité, vanité, tout n’est que vanité !

Alors, à notre tour, d’une âpre inquiétude
L’assaut vient nous saisir, poignant comme un remord,
Nous entendons passer dans notre solitude
Une effroyable voix plus triste que la mort.

Que veux-tu, que veux-tu, toi dont rien sur la terre