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Page:Beltjens - Nox, 1881.djvu/27

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Voix du soir qu’épiait une amante inquiète,
Clair de lune magique inondant l’horizon,
Rossignol amoureux qu’écoutait Juliette,
Quand Roméo rôdait autour de sa maison !

Jardin où le zéphyr m’apportait son haleine
Et, défaillait d’ivresse en passant près de nous,
Quand, dégonflant mon cœur comme une urne trop pleine,
Dans l’ombre, de bonheur, je tombais à genoux !

Banc où je m’asseyais, enviant la pelouse
Où le matin, joyeuse, elle avait folâtré ;
Arbres dont j’attirais vers ma lèvre jalouse
L’ombrage favori d’un front idolâtré !

Roses dont le printemps entr’ouvrait les corolles,
Où pour elle pleuvaient mes pleurs et mes baisers,
Divins parfums des fleurs, moins doux que les paroles
Où s’épanchaient alors nos vœux inapaisés !

Astres du firmament, qui faisiez sentinelle
Autour du trône d’or des belles nuits d’été,
Qui tramaient lentement sous la voûte éternelle
Le merveilleux tissu de mon sort enchanté !