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Page:Beltjens - Nox, 1881.djvu/37

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Chaque homme a dans sa vie un coin plein de mystère,
Comme dans un vieux livre un passage effacé,
Où brusquement revit en saillant caractère
Une image perçant les brouillards du passé.

C’est la terrible main qu’en sa fête nocturne,
Au mur de son palais Balthasar voit traçant :
Mena, Tekel, Pérès[1], — oracle taciturne,
Accompli le matin dans la fange et le sang.

C’est l’ombre de Banco qui s’en vient redoutable,
Dans la salle où Macbeth rit, bravant le destin,
Convive inattendu, présider à sa table,
Et changer en linceul la nappe du festin.

C’est la blanche statue, alors que minuit sonne,
Du sombre Commandeur qui descend de cheval,
Et vient pendant l’orgie, où d’horreur tout frisonne,
Annoncer à don Juan la fin du carnaval.

  1. D’après le texte hébreu.