Page:Beltjens - Nox, 1881.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
– 38 –


C’est la pâle Astarté qui surgit de la tombe,
Avec ce lamentable appel à son amant :
« Manfred, Manfred, adieu ! voici le soir qui tombe,
Et ton dernier soleil qui luit au firmament ! »

Rappelle-toi Manfred en tes heures funèbres ;
Ses terreurs, ses combats, ses remords, ses tourments ;
Et son défi sublime aux esprits des ténèbres
Qui viennent l’assaillir à ses derniers moments.

Vois sa haute leçon se dresser, comme un phare
Au-dessus de l’abîme où sa clarté reluit,
Et dans la sombre angoisse où la raison s’effare,
Tu sauras l’élever plus haut même que lui !

Si ta barque, jouet d’une mer orageuse,
Près de toucher le port sombra sous l’aquilon ;
Si jamais ta pioche à fouiller courageuse,
Dans la mine n’a pu mettre à nu le filon ;

Si l’Amour qui berça de sa voix infidèle
Ton âme épanouie à ses belles chansons,
Jette à tes pieds sa harpe et fuit à tire d’aile,
Laissant au désespoir tirer les derniers sons ;