Page:Beltjens - Nox, 1881.djvu/8

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Les ormes rabougris, le long des fondrières
Que rougit le couchant de reflets empourprés,
Comme un convoi funèbre aux muettes prières,
Tordent sinistrement leurs bras désespérés.

Sous l’ombre envahissant le morne paysage
La clarté lutte encor dans le vague lointain,
Puis s’efface en tremblant, comme sur un visage
Un sourire d’adieu qui dans les pleurs s’éteint.

Du jour mourant qui jette un reste de lumière,
Le soir ferme les yeux par la brume assoupis ;
La pauvresse à pas lents regagne sa chaumière,
Où pleurent ses enfants sur le seuil accroupis.

Tandis que les vapeurs au teint grisâtre atteignent
Les hauteurs se noyant dans l’azur affaibli,
Chaque forme s’estompe et les couleurs s’éteignent,
Comme des souvenirs que submerge l’oubli.

Et les étangs blafards, les champs noirs, les prairies,
Les sentiers, les hameaux, les coteaux, la forêt
Penchant vers le vallon ses larges draperies,
En un rêve confus tout flotte et disparaît.