Page:Beltjens - Nox, 1881.djvu/9

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Par moments dans la plaine un vaste et long murmure
Court en tourbillonnant de la ronce au buisson,
Et dans les grands bois sourds, de ramure en ramure,
Passe un mystérieux et lugubre frisson !

Tout à coup l’Occident, obstrué de bruines,
Se déchire en abîme énorme et rougissant,
Comme une ville en feu qui s’écroule en ruines,
Au milieu d’un chaos de fumée et de sang !

Tout l’horizon flamboie à ce vaste incendie
Que l’Orient reflète, étrange vision,
Par l’ombre fantastique et terrible agrandie,
Fournaise de bitume et d’or en fusion.

Sous son porche entr’ouvrant sa colossale arcade,
Soudain, rouge et cuivré dans ses rives de fer,
Un large Phlégéton de laves en cascade,
Se précipite et roule, enfer dans un enfer.

Au-dessus du brasier des forêts qu’il charrie,
Se tordent, blocs d’ébène, en épais tourbillons ;
Tout s’embrase ; on dirait la mêlée en furie,
Qui d’un choc formidable étreint cent bataillons.