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en nubie, etc.


mais qu’il fallait auparavant la voir. Il dit que cette pierre avait été trouvée par un des habitans de la ville, et que n’ayant pas besoin d’argent, il l’avait gardé bien des années ; mais que cet homme étant venu à mourir, ses successeurs désiraient se défaire du trésor. Comme je témoignai l’envie de le voir, nous nous retirâmes à l’écart ; le vieil Arabe tira alors avec beaucoup de solennité une petite boîte d’une poche de sa ceinture de cuir. Il y prit un papier, l’ouvrit, en déploya encore deux ou trois autres, et arriva enfin à ce précieux effet, qui était de la grosseur d’une noisette. Ma curiosité était vivement piquée ; je pris la pierre entre mes mains ; mais, hélas ! au premier coup d’œil j’y reconnus un fragment d’un bouchon de verre qui avait servi à un flacon, et sur lequel le doreur avait peint deux ou trois petites fleurs. Ma surprise leur annonça, avant que je parlasse, l’anéantissement de toutes les espérances de fortune qu’ils avaient fondées sur ce trésor réputé inestimable ; et quand je leur dis que ce n’était qu’un morceau de verre, ces mots leur causèrent l’effet de la nouvelle inattendue d’un grand malheur. Ils me regardèrent encore pour voir si je parlais bien sérieusement, et s’en allèrent ensuite en gardant un profond silence. Je compa-