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voyages en égypte,


rait en Russie, où, à ce qu’il avait entendu, les Français avaient tout brûlé ; il me demanda ensuite si cela n’était pas vrai. Je lui répondis que j’ignorais ce que les Français avaient fait dans ce pays ; mais que je savais que le grain s’envoyait en Europe, à cause de la disette qui régnait alors dans toute cette partie du monde. Le bey remarqua que cela devait être la véritable cause, et il me demanda si la même disette régnerait l’année prochaine. Je lui répondis que je ne l’espérais pas, attendu qu’après une disette nous avions ordinairement une récolte abondante. « Oui, répliqua le bey ; mais le pacha vendra le grain à haut prix pendant trois ou quatre ans jusqu’à ce que vos greniers se remplissent de nouveau. Mais dites-moi, je vous prie, avez-vous aussi une disette de pierres en Europe, puisque vous venez en chercher dans ce pays-ci ? » Je lui répondis que nous avions assez de pierres, mais que nous attachions plus de prix à celles de l’Égypte. « Ah ! oui, dit-il, c’est par ce que vous y trouvez peut-être de l’or, Dieu merci ! » C’était beaucoup pour lui d’exprimer son opinion en forme de doute ; car sur ce point les habitans de l’Égypte pensent et parlent toujours de la manière la plus affirmative.

On servit ensuite à dîner dans un grand bas-