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voyages en écypte,


regagnai le bateau et arrivai à Gournah avant l’aube du jour. Mais, en passant devant Louxor, je faillis périr. La jetée qui protège ces ruines contre la force du courant, est toujours sous l’eau lors de la crue du Nil ; et notre batelier, ignorant cette circonstance, laissa le bateau s’y échouer. Le courant était très-rapide, et le bateau penchait au point que l’eau s’éleva par-dessus les écoutilles. Le nageur le plus habile n’aurait pu, en cet endroit, résister assez à la violence du courant pour gagner la rive. Nous vîmes donc une mort inévitable devant nous ; mais la Providence nous envoya un moyen de salut. Une brise fraîche se leva en ce moment ; le pilote en profita habilement, hissa les voiles, remit le bateau à flot, et de cette manière nous échappâmes au danger.

Dans la matinée du 7, j’envoyai chercher, de bonne heure, le cheik des fellahs pour lui remettre l’ordre du cacheff. Une heure après, les ouvriers furent prêts et se remirent à l’ouvrage. Le bloc avança ce jour plus qu’à l’ordinaire, parce que les ouvriers s’étant reposés la veille, avaient plus de vigueur ; et le 8, j’eus le plaisir de savoir le buste à l’abri du danger d’être atteint par l’inondation.

Le 9, je fus saisi d’une migraine si violente, que je ne pus me tenir debout : le sang coulant