Page:Belzoni - Voyages en Égypte et en Nubie, 1821, tome 2.djvu/237

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
229
en nubie, etc.


hadgi maure qui me soignaient, étaient auprès de moi ; je me sentais un peu mieux, et j’exprimais mon espoir d’être le lendemain en état de supporter le mouvement du chameau, quand la veuve, qui avait enterré son mari la veille, vint me faire une visite, et s’assit auprès de moi. Ses soupirs me firent compatir à son sort, et mon domestique, que ses gémissemens touchaient autant que moi, essaya de la consoler. Cependant elle continua de gémir et, tout en se lamentant, elle dit qu’il n’y avait que moi qui pût lui rendre le bonheur, et qu’elle espérait que je ne lui refuserais pas ce service. Je ne savais ce qu’elle voulait dire ; elle gémit encore pendant que le domestique et le Maure se réunissaient pour la distraire ; puis elle répéta que personne que moi ne pouvait faire cesser son affliction. Je lui demandai enfin en quoi je pouvais lui être utile. Elle me dit alors qu’elle m’avait vu tracer des caractères magiques, et qu’elle espérait de ma complaisance que je lui ferais deux écrits de ce genre, l’un pour lui procurer promptement un second mari, et l’autre pour lui en avoir un troisième en cas que celui-ci eût le sort du défunt. La bonne femme qui ignorait que si j’avais le pouvoir de procurer des maris aux veuves, j’aurais trouvé assez d’emploi en Europe, sans avoir besoin de venir en Égypte,