Ils rentrèrent dans le boyau, lequel continuait de tourner, et Grandgoujon ne vit pas un soldat qui, le derrière par terre, lisait une lettre. Il buta dans le bonhomme.
— Bouffi ! cria l’autre, y a pas longtemps qu’t’es levé ; t’as encore les yeux pleins de mites !
— Pardon… dit Grandgoujon.
Ce mot irrita le poilu.
— Pardon ?… Ivrogne, va ! Avec des casoars comme toi on peut même pas lire une lettre à sa poule !
— Quand Monsieur aura dévidé ses injures, Monsieur sera bien honnête de nous indiquer le poste de commandement du colonel Mahu, demanda Laboulbène, la main au casque.
— Est-ce que je sais ? fit l’autre. On est relevé, et j’me fous d’tout !
— Merci ! Marchons droit.
— Mais… si nous allons à une attaque ? dit Grandgoujon effaré.
— Mets ton mouchoir sur la tête et tu seras bousillé sans le voir !
Dix minutes encore ils piétinèrent dans la boue molle et parvinrent en vue d’un abri recouvert de sacs, dans un creux de terre.
— Là doit résider cet illustre colo…
Sifflement. Éclatement…
— Je suis touché ! hurla Grandgoujon s’effondrant.
Mais ce n’étaient que des pierres et une motte.
— Pas de bobards ! fit Laboulbène, qui avait un tremblement nerveux.