Grandgoujon était à plat ventre ; il grouillait, il rampait, et avec des façons de ver coupé, il atteignit le poste.
— Ici, abri ! annonça l’homme à la voix chaude dans un ricanement.
— Oh !… Ah !… Bon Dieu ! Ce n’est pas trop tôt, bégaya Grandgoujon, qui était à bout. Moi je suis auxi…
— Comment occis ?
— Auxiliaire… pas combattant.
— Blagueur !… Où est le colo ? demanda Laboulbène. On apporte une girouette. Au fait, où est la girouette ?
— Cré nom ! fit Grandgoujon.
On l’apercevait à dix mètres de l’abri, où il s’était jeté contre terre.
— Je vais te la chercher, dit Laboulbène.
— Oh ! dit Grandgoujon, j’irais bien.
Mais l’autre était déjà de retour avec la boîte.
— Mon pied tourne, s’excusa Grandgoujon, dans mon soulier…
Alors, le planton les introduisit près du colonel. Celui-ci téléphonait et tonitruait. Quand il tint le feuille de Grandgoujon :
— Hein ?… Quoi ?… Une girouette ? Vous foutez-vous de ma fiole ? Voulez-vous que je vous foute dedans ? Allons, foutez-moi le camp !
— Mon colonel…
Une explosion ébranla l’abri.
— Assez ! cria le colonel.
Grandgoujon se tut, mais l’explosion fut suivie d’une seconde.