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GRANDGOUJON

— Jésus ! Marie ! Joseph ! s’écria Moquerard, Eugène, sois sérieux, ne me regarde pas !

— J’écoute, dit Eugène. Monsieur Grandgoujon, je bois vos paroles.

— En fait de boire, dit Grandgoujon, avec les côtelettes tu nous apporteras du petit rouge que tu connais. Et pour la suite, nous verrons.

— Compris, dit Eugène, qui disparut.

— Ah ! Ah ! fit le soldat tapant la table. C’que j’rigôle !

— Tu vas rigoler bien plus avec l’omelette au fromage, reprit Grandgoujon… Tu es ici dans une maison admirable, car ici on ne se fout pas de toi… Tandis qu’ailleurs, vieux camarade, toi… comme moi… ne sommes rien.

— Quel frère prêcheur ! dit Moquerard.

— Malheureusement, reprit Colomb, il y a de l’amertume dans ses paroles.

— Pas même, dit Grandgoujon, tout rond. Je commence à avoir une petite expérience…

— Des omelettes au fromage ? dit Moquerard.

— Taquin ! fit Madame des Sablons.

— N’est-ce pas ? dirent Mesdemoiselles Dieulafet.

Les trois femmes se sourirent. Et Grandgoujon les regardant, pensa :

— Dire que ce sacré Moquerard se les est peut-être appliquées toutes les trois !

Puis, tout haut :

— Tenez, voilà l’omelette et son fromage… Ah ! Eugène, ça c’est bien, ce n’est pas servi chi-