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GRANDGOUJON

— Seize ploums ! cria Grandgoujon, vingt ploums, pour que les amateurs en aient trois. Et du café ! Un moka général ! Et de l’eau-de-vie de marc, de dessous les fagots !…

— Et ça y est ! Ça y est encore ! On l’a toujours ! recommença Moquerard.

— Plus l’addition ! lança enfin Grandgoujon avec un geste large.

Mais tous se récrièrent, surtout Colomb. Grandgoujon prit un air triste :

— Je tiens à payer : aujourd’hui, ne me faites pas de peine.

À ces mots, le soldat, une fois de plus, lâcha un :

— Bon sang ! C’que j’rigole !

Et Grandgoujon, cherchant des billets, tira de sa poche la photographie rendue par Mariette.

— Oh ! dit Madame des Sablons, cette surprise ! Faites-m’en cadeau. Mon mari en voudrait tellement une !

— Madame, dit Grandgoujon gravement, je l’avais à votre intention.

Il la lui passa, et guetta Moquerard et Colomb, mais ni l’un ni l’autre ne parurent voir ni entendre : ils causaient entre eux.

La fin de la réunion fut particulièrement bruyante. C’était à qui relancerait Grandgoujon, et il en était heureux, à cause des yeux pleins d’amitié que lui coulait Madame des Sablons. Il avait ramassé deux bouchons sur la table :

— Les vins bus, sentez-moi les bouchons !

Mais Colomb se leva :

— Messieurs, quoique ceci n’ait aucun rapport