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Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/147

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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

Il conclut :

— Je ne m’emballe pas : ni pessimiste ni optimiste ; je suis réaliste… C’est pourquoi je suis heureux d’être en Angleterre, et… qu’allez-vous me faire voir, cher monsieur Pipe ?

— Quant à cela, il faut d’abord que je m’excuserai, répondit M. John Pipe, car je serai mauvais guide, je crains.

— Eh ! Pourquoi ? dit Barbet riant.

— Parce que… oh ! le guerre je aime pas !

— Croyez-vous que quelqu’un l’aime ?

— Yes… beaucoup… sont intéressés ! dit M. John Pipe. Moi je étais effrayé. Moi, dans le vie, je aime les papillones, les gazones, le beau temps, les jeunesses. Moi je aime les charmants beaux poètes, et les couleurs, et les belles histoires… puis les parfums, enfin tout ce qui vaut n’est-ce pas. Au lieu, mongsieur Bâbette, je ai ordre vous faire voir les marines, des usines, une camp de soldats, toutes choses où je reconnais point le plaisir de vivre.

Tout cela était dit doucement, sans rancœur, avec un mélancolique sourire. Et Barbet fit :

— Mais moi aussi j’adore le printemps et les demoiselles, mon cher monsieur… Seulement… il convient de vivre avec son temps !