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Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/152

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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

habit, parce que, au sortir de table, on prendrait le train.

Barbet eut un mouvement de rage.

— Il se paye ma tête !

Puis il se rendit à l’évidence : un habit en chemin de fer, la nuit… Il l’enleva donc avec mauvaise humeur, mais, reprenant son veston, il l’accrocha par un bouton qui lui resta dans la main.

— Zut ! fit-il. J’ai dit que je mettrais mon habit ! Je me changerai, sans que personne s’en doute, dans le lavabo du restaurant… Il faut être débrouillard… Ces Anglais sont figés.

De nouveau il se regarda, et fut content de lui. D’une plume large, il jeta sur une carte ces quelques mots pour sa femme : « Voyage prodigieux ! Ce soir dîner de gala. Je t’embrasse. » Et avec son bagage, il se fit conduire au banquet de sir Marmaduke.

Il arriva en retard, un retard calculé. Et il ne fut pas fâché de s’apercevoir qu’on l’attendait. Un petit vieillard blanc de poil et tout rouge de figure se précipita pour l’accueillir et lui présenter les autres convives, un pâle poète, un armateur ventru, un diplomate aux mains de femme, l’excellent M. John Pipe, et le résident marocain