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Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/218

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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

— C’est décidément lui qui est idiot, ce pauvre bonhomme ! Des boutades, toujours, pour tout ! Quel fantoche !

Puis, il rumina encore :

— Ça doit être un faux Anglais.

Il lui demanda :

— Monsieur John Pipe, vous êtes natif de quel pays ?

— De Irlande, mongsieur Bâbette.

— Ah ! Voilà…

L’Irlande : lutte avec l’Angleterre. Les vrais Anglais ne sont pas sur ce modèle. Un vrai Anglais c’est un monsieur fort, solide, flegmatique et précis. Seulement cette exception confirmait la règle… et Barbet redevint aimable. Il parla avec admiration du Commodore et des restrictions de son menu ; il admira l’esprit d’indépendance britannique et répéta encore : « England for ever ! » Mais il avait un creux : la tarte ne l’avait pas nourri pour la journée. Au bout d’une heure d’auto, il demanda si l’on ne pourrait pas prendre le thé. M. John Pipe de répondre :

— Oh ! yes, dans un beau paysage.

Et sur le bord de la tamise, en un endroit médiocre d’ailleurs, car le printemps commençant n’y avait encore mis que des bourgeons, sans