Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/260

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
260
LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

— Je… vous demande pardon, dit Barbet… je… suis un convive déplorable… je souffre, figurez-vous…

— Vous souffrez ? Comment donc ?

— De l’estomac… je… j’ai une crise subite.

— Pas possible ! Quelle, pitié ! Mongsieur Bâbette ! Oh !… nous voulons, n’est-ce pas, commander aussitôt le café… Le café, peut-être, vous guérira… Garçone, café !

Le garçon apporta alors un instrument extraordinaire, composé de vases et de boules de verre au-dessus d’une lampe que M. John Pipe alluma lui-même, souriant à Evelyn qui guettait, sérieuse. Une flamme jaillit, qui s’en allait de droite et de gauche, léchant la nappe et jetant des lueurs dans les yeux argentés d’Evelyn. Elle regardait, pensive, respirant doucement, et elle avait aux coins de la bouche deux petites ombres fines et charmantes. De l’eau, qui était dans une des deux boules de verre, commença, par l’effet de la chaleur, à monter dans l’autre ; elle prit le café, et redescendit avec lui.

— C’est amusant, n’est-ce pas, le petite système, dit gentiment M. John Pipe. Ça vous fera du bien à voir.