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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

Barbet se tortillait, affreusement pâle : il balbutia :

— Je vais… être obligé de rentrer à l’hôtel.

— Oh ! réellement vrai ? Que je suis triste ! dit M. John Pipe qui soudain prit une mine affligée. Buvez chaud, mongsieur Bâbette.

Il lui versa son café. Barbet dit :

— Je ne pourrai même pas… je souffre tellement.

Il cherchait son mouchoir et ne le trouvait pas. M. John Pipe lui tendit le sien, qui était en soie verte, et alors, malgré la colique qui lui tordait les intestins, Barbet eut encore une pensée sans amitié à l’égard de cet excellent homme : « Mouchoir de grue », se dit-il.

Il se leva.

— Je voudrais une voiture…

Il quitta M. John Pipe en deux temps trois mouvements : ses douleurs devenaient violentes ; il n’eut plus, pour la charmante miss Evelyn, qu’un regard rapide et dédaigneux.

Et, rentré à l’hôtel, se roulant sur son lit, il jugea l’Angleterre un pays comme les autres, et M. John Pipe un digne, fils de la perfide Albion. Puis, se frottant le ventre, geignant, il murmura même : « On veut s’aveugler ! On se dit