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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

qu’on raconte des blagues depuis cinq siècles ! Des blagues ?… Il n’y a pas de fumée sans feu… Quelles saletés m’ont-ils fait manger !… Dieu que je soutire !… »

Enfin, il demanda une infusion chaude, se calma, s’assoupit et dormit jusqu’au lendemain, jour de son départ.

Il s’éveilla, soulagé mais faible. Il n’eut que le temps de faire sa valise, car il partait de bonne heure. Il arriva à la gare, essoufflé, et le premier visage qu’il vit fut celui de M. John Pipe.

Seul, cette fois. M. John Pipe ne se dévergondait donc que le jour du Seigneur ? Mais puisqu’il se trouvait seul, Barbet, qui n’était plus de méchante humeur comme la veille, après l’avoir copieusement renseigné sur ses douleurs de ventre, Barbet, malicieux, demanda tout de suite :

— Miss Evelyn, dites-moi, va bien aujourd’hui ?

— Oh ! yes, reprit M. John Pipe avec un regard très pur. Je vous remercie. Ma fille est heureuse, étant d’un heureux sexe.

— Hein ! dit Barbet, c’est votre… Ah ! je…

Et, bêtement, il bredouilla encore :

— Votre fille… Oui, oui, oui… Et vous n’en avez pas d’autre ?…