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Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/91

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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

vieille race fatiguée de la barbarie du monde ; mais ces hommes tenaient des lances pointues et redoutables. Ils montaient de petites bêtes qui se cabraient et les secouaient ; quelques-uns, aux oreilles, avaient des boucles d’enfant ; mais tous, dans leur ceinture, cachaient un poignard à lame recourbée.

— Qu’ils sont nombreux !… Et comme ils sont pareils ! murmura Barbet.

Là, James Pipe s’ébroua :

— Nô, oh ! nô ; ils sont vingt races, cent races, et il y a des types sémites, mais voilà un type noir, et tous ceux-ci sont des hommes jaunes.

— Croyez-vous ? fit simplement Barbet.

Dans cette vallée de l’Ancre où, seul, le ciel a résisté à la bataille, son âme de Parisien, trop avide de précisions et un petit peu borné, se sentait submergée par ce défilé d’Indiens mystérieux et superbes, sur cette route écarlate.

Heureusement, le major le tira de sa rêverie. À dix mètres de la route, il ramassa un morceau de terre fumante qu’il lui présenta en riant aux éclats. Et Barbet, effrayé comme un civil qui croit que dans cette zone dangereuse tout éclate, Barbet demanda avec angoisse :

— Sapristi, qu’est-ce que c’est ?