Page:Benjamin - Le Pacha, paru dans Les Annales politiques et littéraires, 3 et 10 août 1924.djvu/10

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La Bonne. — Monsieur, je suis dans les rangements.

Pierre. — Vous ne pouviez pas lui dire de venir ?

La Bonne, — J’y ai dit…, mais il vient pas.

Un temps.

Pierre. — Eh bien ! il viendra !… (Un temps.) Pressez-vous, habillez-vous, et si, à la dernière minute, il n’est pas venu… vous irez.

La Bonne. — Bon, monsieur.

Elle sort en grognant.


Scène III

Suzanne, les bras croisés. — Non, c’est inouï !

Pierre. — Un peu de plus, elle me prierait de laver sa vaisselle !

Suzanne. — I] n’y a que toi ici qui aies eu besoin de pharmacie.

Pierre. — C’est une raison pour jouer au valet de chambre ? (Un silence. Il marche de long en large avec de grands gestes de bras, puis brusquement.) Où perche-t-il, cet idiot-là ?

Suzanne. — On t’a dit : devant l’établissement.

Pierre. — Qu’est-ce qu’il faut lui faire ? l’embrasser pour toi ?

Suzanne. — Oui ! (Nouveau silence. Elle lui tend son chapeau.) Puisque tu iras, ne fais donc pas d’histoires. Tiens, voilà la note.

Pierre, lisant. — Peuh !… Eau de Vals ! Vous lui payez de l’eau de Vals ! Quand il la fabrique dans son arrière-boutique ! (Un temps.) Et il faut encore monter toute l’avenue… Ah ! le pacha, oui, fameux pacha !

Il sort.

Suzanne, battant des mains. — Il est