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(Antigonenons), le Faucon (Arendoronons), le Héron (Tahontaenrats).[1] Les cinq ou six principales missions des pères jésuites se nommaient Sainte-Marie (Attasonchronons), Saint-Joseph (Ihonatiria), Saint-Ignace, Saint-Michel, la Conception (Assossani), Saint-Joseph (Teanaustayoe).

D’après Champlain, les Hurons, en 1615, comptaient de 20, 000 à 30, 000 âmes, ce qui embrasse probablement les gens du Tabac ou Petuneux. En 1639, les missionnaires portent à 12, 000 âmes le groupe huron, sans y inclure la nation du Tabac (Tinnontates) qui habitait les pentes occidentales des montagnes Bleues, à la tête de la baie de Nottawasaga, dans le township de ce dernier nom, à deux jours de marche des villages hurons, et avait neuf ou dix bourgades renfermant à peu près 10, 000 âmes en tout. On a retrouvé les traces de trente-deux villages et de quarante cimetières ou dépôts d’ossements humains dans cette région. À partir de 1640, les Petuneux furent plus que jamais unis aux Hurons. Les chapelles de Saint-Jean, Saint-Mathieu et Saint-Mathias étaient, chez eux, le centre de dix ou douze missions dispersées dans les comtés de Simcoe et de Grey. M. David Boyle, bien connu par son érudition en ces matières, dit que ce peuple était plus intelligent et plus industrieux que les autres sauvages de l’Amérique du nord.

Au mois de juin 1641, les Hurons, descendant à la traite de Trois-Rivières, trouvèrent ce poste bloqué par les Iroquois que l’on pensait occupés bien loin de là ; mais aussitôt que l’une de leurs expéditions avait porté un coup quelque part. Ces infatigables destructeurs feignaient de ne plus poursuivre leur fortune, pour aller se rabattre sur un autre point et par ce moyen, faisant toujours la guerre, ils exerçaient leur jeunesse de manière à recommencer des campagne sans cesse fructueuses et que notre faiblesse encourageait.

Les Neutres devaient leur nom au rôle pacifique qu’ils jouaient entre les diverses tribus huronnes-iroquoises u nord et du sud des lacs Ontario et Érié. Ils n’avaient pas la même attitude vis-à-vis certains autres peuples, principalement les Mascoutins ou gens du Feu, de langue algonquine, qui demeuraient au delà de la rivière Détroit. Cette nation très nombreuse étendait sa droite jusqu’à l’extrémité ouest du lac Érié, tandis que sa gauche touchait la baie de Saginaw. Les Neutres, coalisés avec les Ottawas, faisaient la guerre aux Mascoutins dès 1615, de sorte que ces derniers répondaient aux attaques qui leur venaient par le lac Érié et par le lac Huron ; car les Ottawas (langue algonquine) habitaient le comté de Bruce et l’île Manitoualin. Ces hostilités duraient encore en 1642 comme le montre la Relation de 1644 p. 97 : Le peuple des Neutres est toujours en guerre avec ceux de la nation du Feu. Ils y allèrent l’été dernier (ce

  1. Voir Relation du P. Bressani, publiée en 1853, p. 322. Nous suivons l’étude que M.abbé W. R. Harris doyen de St-Catharines, nous donne dans son bel ouvrage : History of the Early Missions in Western Canada, publié par Hunter, Rose. Toronto, 1893.