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LA GUERRE DES IROQUOIS

Le fort Richelieu (aujourd’hui Sorel) avait perdu deux hommes assommés par les maraudeurs  ; un autre gisait blessé dangereusement. On abandonna la place sans garde, faute de troupes  ; les Iroquois la brûlèrent. Bientôt après, leurs bandes se répandirent à la sourdine, depuis Montréal jusqu’à Québec et le long de l’Ottawa, pour surprendre les chasseurs algonquins et français.

Le P. Vimont, dans la Relation de 1645 (p. 19) dit : «  La guerre des Iroquois n’est non plus la guerre des Français, que la guerre des Parthes n’était la guerre des Romains  ».

Lutter contre les Iroquois était impossible. Les Hurons, bien que de la même race qu’eux, n’avaient aucun esprit militaire, ne devinaient rien de l’imminence du péril, ne savaient mettre de l’ordre nulle part et utilisaient comme des enfants les arquebuses dont les Français commençaient à les armer. Les Algonquins avaient pour tout partage une certaine bravoure individuelle, sans la moindre discipline, et ils étaient toujours prêts à commettre quelques étourderies, à tout gâter, après quoi ils se repliaient sur Trois-Rivières, Sillery ou Québec, attirant l’ennemi sur leurs pas. Les Iroquois avaient des plans d’opération adoptés dans leurs conseils et sagement mûris  ; ils agissaient avec ensemble  ; leurs bandes pouvaient se mettre à l’abri dans des lieux où personne n’osait les poursuivre, pas même les Français, qui manquaient absolument de soldats. La partie était inégale et le résultat évident. La colonie française restait sans défense sous le couteau de l’Iroquois, et il est inconcevable qu’elle n’ait pas été anéantie jusqu’au dernier homme. Examinons une autre scène.

«  Au-delà de la nation Neutre, écrivait le P. Ragueneau qui était alors chez les Hurons  ; tirant un peu vers l’Orient  ; on va à la Nouvelle-Suède où habitent les Andastoëronnons, alliés de nos Hurons, et qui parlent comme eux, éloignés de nous en ligne directe de cent cinquante lieues  ». (Relation, 1648, p. 46.)

Les Andastes (nord de la Pennsylvanie) au commencement, de 1647, voyèrent demander aux Hurons de se joindre à eux contre les Iroquois. Ces sauvages, dit le P. Ragueneau (Relation. 1648, p. 58), sont peuple de langue huronne et de tous temps alliés de nos Hurons. Ils sont très belliqueux et comptent, en un seul bourg, treize cents hommes portant armes.  » Les deux envoyés des Andastes dirent aux Hurons «  que, s’ils perdaient courage et se sentaient trop faibles contre leurs ennemis ils le fissent savoir… Nous avons appris, expliquèrent-ils, que vous aviez des ennemis  ; vous n’aurez qu’à nous dire : levez la hache, et nous vous assurons ou qu’ils feront la paix ou que nous leur ferons la guerre… Charles Ondaaiondiont, excellent et ancien Chrétien fut député vers eux… Il partit d’ici (pays des Hurons) le 13 d’avril (1647) et n’arriva à Andastoë qu’au commencement de juin… pour les solliciter à leur moyenner une paix entière ou à reprendre la guerre qu’ils avaient, il n’y a que fort peu d’années, avec les Iroquois annieronnons.  » Les Andastes envoyèrent une embas-