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SOCIÉTÉ ROYALE DU CANADA

sade aux Iroquois de quatre cantons pour arranger une paix entre eux et les Hurons, et par là forcer les Agniers à mettre bas les armes, car c’étaient toujours ces derniers qui tenaient campagnes contre toutes les nations. (Relations, 1647, p. 8 ; 1648. pp. 48, 58-60.) Charlevoix ajoute : « L’occasion était belle pour reprendre sur les Iroquois la supériorité que les Hurons avaient eue autrefois, mais ils ne voulurent en profiter que pour se mettre en état de parvenir à une bonne paix  ; et parce qu’ils n’avaient pas pris les moyens les plus sûrs pour y réussir, qui était de se bien préparer à la guerre ils furent les dupes de la mauvaise foi et des artifices de leurs ennemis. »

En d’autres termes, les Hurons trahirent le secret et firent savoir aux Iroquois les positions à eux faites par les Andastes  ; en retour de cette confidence, les Iroquois leur promirent mer et monde : c’était ce que voulaient les Hurons et aussi les Iroquois. Nicolas Perrot ne tarit pas sur les lâchetés des Hurons, en parlant des quarante années durant lesquelles il les a connus.

Charlevoix poursuit : « Il y a bien de l’apparence que les Hurons remercièrent (refusèrent les offres) les Andastes… Tandis qu’ils s’amusaient à négocier avec les Onnontagués, les Agniers et les Tsonnontouans tombèrent à l’improviste sur deux grands partis de chasse de la bourgade de Saint-Ignace et les défirent entièrement. On fut ensuite quelque temps sans entendre parler d’aucune hostilité, et il n’en fallut pas davantage pour replonger les Hurons dans leur première sécurité.

Charles, que nous avons laissé chez les Andastes, eut occasion de visiter la Nouvelle-Suède et de constater qu’il n’y avait pas de missionnaire parmi les Européens de cet établissement, lequel était en correspondance régulière avec les Hollandais du fleuve Hudson. C’est même par cette voie qu’il apprit l’assassinat du P. Jogues, survenu quelques mois auparavant chez les Iroquois. « Nous jugeons, rapporte le P. Ragueneau sur le dire de Charles que cette habitation d’Européens, alliés des Andastoeronnons, sont la plupart Hollandais et Anglais ou plutôt, un ramas de diverses nations qui, pour quelques raisons particulières, s’étant mis sous la protection du roi de Suède ont appelé ce pays-là, la Nouvelle-Suède. Leur interprète dit à Charles qu’il était Français de nation. » (Relation, 1648, p. 59-60.) Charles partit d’Andastoë le 15 août et rentra à. Sainte-Marie des Hurons le 5 octobre ayant été poursuivi par les Tsonnontouans.

La première nation qui abandonna le Haut-Canada fut celle de l’Iroquet dont le gros se rapprocha de Trois-Rivières.

La seule traite de pelleteries qu’il y eût à Trois-Rivières, en 1647, se fit par les Attikamègues du Saint-Maurice et quelques Iroquets. Les Hurons ne descendirent pas de leur pays, à cause de la guerre.

De 1640 à 1648, le nombre des colons arrivés au Canada est insignifiant  ; ce qui s’explique par le désarroi des affaires de France, l’inertie des Cent-Associés, les ravages que les Iroquois exerçaient aux portes de nos