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SOCIÉTÉ ROYALE DU CANADA

« Le secours venu de France cette année est absolument nécessaire[1] aux Trois-Rivières, car à vrai dire, ce poste n’a pu subsister que par miracle. »

Le 25 octobre 1651 on apprit que les Iroquois avaient tué vingt-cinq Attikamègues sur la rivière Saint-Maurice.

Il y avait six ans que la colonie de Montréal était renfermée dans sa palissade, vivant des provisions apportées de France, lorsqu’elle se décida, en 1648-49. à faire des défrichements comme on en voyait autour de Québec, de Sillery à Portneuf et à Trois-Rivières. La société dite de Montréal venait de se réorganiser à Paris. En 1651 on récolta du blé sur ces nouvelles terres, bien qu’on fût sans cesse harcelé par les Iroquois. Effrayés par ces maraudeurs, les Algonquins s’éloignaient de la place, diminuant par là même ses moyens de défenses. Enfin, toujours, remplis d’espoir, les colons attendaient des jours meilleurs.[2]

« Les hommes qui composaient les trois premières recrues de Montréal ne furent pas des paysans d’une bien forte trempe. Le progrès de l’agriculture, pendant les premières années, fut en effet, très lent. En 1646 d’après Dollier de Casson on faisait encore tout venir de France. La sœur Morin nous apprend que « tous ces colons restèrent près de onze ans renfermés dans le fort », y vivant en commun sans se créer d’établissement propre. Pendant ce temps, depuis plusieurs années déjà, dans le voisinage de Québec, les gens du Perche s’étaient établis sur des domaines isolés. Toutefois, n’oublions pas que les colons de Montréal étaient plus exposés que tous autres, aux attaques des Iroquois, et ceci explique sans doute, en grande partie  ; cette longue inaction. Maisonneuve, d’Ailleboust, Closse étaient avant tout des chefs militaires. Maisonneuve était entré dans le métier des armes à l’âge de treize ans et il y était, toujours demeuré depuis. D’Ailleboust était très entendu dans l’art des fortifications. Tous deux se trouvaient éminemment qualifiés pour conduire les opérations militaires de la colonie, mais il faut reconnaître en même temps qu’ils étaient beaucoup moins aptes à jouer le rôle de patrons agricoles.

« Les jésuites, comme la Société de Montréal, avaient eu, à l’origine, des protecteurs puissants et généreux : le duc de Ventadour, le marquis de Gamache, le commandeur de Sillery  ; même la duchesse d’Aiguillon s’intéressait à eux et leurs premières Relations célèbrent le grand nombre de personnes qui favorisent leurs missions d’Amérique. Avec le temps, la plupart de ces fondateurs étaient morts ou s’étaient désintéressés, et l’œuvre commencée réclamait toujours de nouveaux secours.[3]

« L’œuvre de Montréal avait une raison pour ne point compter beaucoup sur l’appui du gouvernement de Québec  ; celui-ci la voyait d’un

  1. Relation, 1651, p. 2. Quel était ce secours  ? La mère de l’Incarnation le mentionne aussi dans ses lettres, édition Richaudeau, I, 460.
  2. Faillon, Histoire de la Colonie, II, 102-3, 107, 117.
  3. Résultat : il fallait que le conseil de la colonie sustentât ces nécessiteux.