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LA GUERRE DES IROQUOIS

quins sur le Saint-Laurent, entre Montréal et Québec. Telle était la situation lorsque Champlain arriva, en 1603. Comme cet explorateur fréquentait nécessairement les Algonquins, il finit par se battre de leur côté pour sa sauvegarde personnelle (1609). Les historiens ont tiré de ce fait des conclusions exagérées, jusqu’à dire que Champlain s’attaquait à la plus redoutable confédération indienne que l’histoire de l’Amérique du Nord nous fait connaître. Il n’attaquait pas, il se défendait ; de plus, la confédération n’existait pas encore, et ce ne sont pas les coups d’arquebuse de Champlain qui l’ont fait naître. Autant dire qu’Énée emportant son père en Italie prévoyait la conquête du monde par les Romains. Observons aussi que les Agniers ne firent point la guerre aux Français pour commencer, mais qu’ils en voulaient aux Algonquins et que les Français, survenant dans le pays pour la première fois se trouvèrent mêlés au conflit. C’était un début assez malheureux, pourtant ils ne pouvaient l’éviter. Le pire, c’est qu’ils auraient dû s’y attendre et couper le mal dans la racine en allant écrase les Agniers chez eux. Québec étant gouverné de Paris, il fut impossible à Champlain d’obtenir main-forte. Toute la question est là.

En 1614, les Hollandais ou Flamands établirent le poste d’Orange, où est Albany à présent. L’année suivante, quelques-uns d’entre eux accompagnèrent les Iroquois qui allaient combattre une tribu quelconque, amie des Hurons. Trois Hollandais furent pris mais renvoyés aussitôt par ces Sauvages, qui les crurent Français d’après ce que les Hurons leur avaient dit des hommes blancs de Québec. Ces Européens supportaient donc les Iroquois à la guerre ?

En 1615. les Hurons poussèrent une expédition jusqu’à Syracuse, dans l’État de New-York, et retraitèrent sans succès ; Champlain était avec eux, ce qui est bien plus grave que l’affaire de 1609.

Nous voilà parfaitement certains que les Hurons et les Iroquois se comportaient dès lors comme deux puissances rivales. Il est impossible de savoir depuis combien de temps durait cet antagonisme ; en tous cas il ne finit qu’avec la dernière bourgade huronne, quarante ans plus tard. Étienne Brulé était en 1615 chez les Andastes (Pennsylvanie) et ce peuple de langue huronne-iroquoise faisait la guerre aux Iroquois d’Onnontagué.

La Relation de 1460 (p. 6) nous fournit une bonne entrée en matière au sujet de ces deux frères ennemis : "Des cinq peuples qui composent toute la nation iroquoise, ceux que nous appelons Agnieronons ont été tant de fois au haut et au bas de la roue en moins de soixante ans, que nous trouvons dans les histoires peu d’exemples de pareilles révolutions.. : Vers la fin du dernier siècle, ils ont été réduits si bas par les Algonquins qu’il n’en paraissait presque plus sur la terre, néanmoins ce peu qui restait, comme un germe généreux, avait tellement poussé en peu d’années, qu’il avait réduit réciproquement les Algonquins aux mêmes termes que lui. Mais cet état n’a pas duré longtemps, car les Andastogehronnons