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leur, firent si bonne guerre pendant dix années, qu’ils furent renversés pour la seconde fois, et la nation en fut presque éteinte, du moins tellement humiliée que le nom seulement d’Algonquin les faisaient frémir et son ombre semblait les poursuivre jusque dans leurs foyers. « Cet écrasement des Agniers par les Andastes, montre que la confédération iroquoise, si elle existait déjà (1620-1630), n’était pas encore assez bien formée pour secourir celui de ses membres qu’un danger sérieux menaçait. La Relation continue : « C’était au temps où les Hollandais s’emparèrent de ces côtes-là et qu’ils prirent goût au castor de ces peuples, il y a quelque trente ans ». Les Relations de 1637 (p. 158) et 1647 (p. 8), ajoutent à ces renseignements : Les sauvages d’Andastohé, que nous croyons être voisins de la Virginie, avaient autrefois de grandes alliances avec les Hurons, en sorte qu’il se trouve encore dans leur pays des gens de leurs contrées" (des Hurons). Les Andastes habitaient sur les bords de la Suquehana et se rendaient jusqu’à la mer d’où ils rapportaient des coquillages qui servaient de monnaie dans les échanges entre tribus — c’est pourquoi on les appelaient « le peuple de la porcelaine ».

Les cinq nations iroquoises étaient placées à peu près dans l’ordre suivant : Agniers (Mohawks), au nord d’Albany et de Schenectady ; Onneyouts (Oneida), derrière Oswego ; Onnontagués (Onondagos), vers Syracuse Goyogonins (Cayugas), près Rochester ; Tsonnontouans (Senecas), à l’est de Buffalo. Les Ériés venaient ensuite, le long d’une partie du lac Érié, près de Cleveland et de Sandusky.

Champlain écrit : Iroquois, Irocois, Yrocois ; les jésuites : Hiroquois, Iroquois. Les Hollandais appelaient les Agniers : Maquois ; les Anglais en ont fait Mohawks. Quand les Algonquins voyaient venir les Iroquois, ils s’écriaient : Nattaoué ! les ennemis.

L’apparition des Français dans le Haut-Canada n’était pas de nature à intimider les Iroquois, puisqu’il ne s’agissait que de quelques hommes, les uns missionnaires, les autres courant à la recherche des pelleteries, mais en 1634 ce nombre augmenta, et bientôt toute une politique nouvelle et à longue portée fut conçue par les Cinq-Nations, comme on désignait les Iroquois. Eux-Mêmes se qualifiaient d’Onguehonwe : hommes supérieurs ; et encore de Hotinnonchiendis : les cabanes ou maisons parfaites. La tendance à former une union entre les cinq branches se manifesta à mesure que les chefs comprirent les changements qui s’opéraient. Derrière eux, ils avaient les Anglais de la Virginie, les Suédois du New-Jersey, les Hollandais du Manhattan (New-York) et d’Orange, lesquels ne leur disaient rien de bon au cœur, mais cependant les incitaient à se procurer du castor, dont le commerce était profitable aux deux parties. Les plus belles peaux se rencontraient dans le Haut-Canada, et les Hurons et les Iroquets les livraient aux Français. Ces Troquets, peuple de langue algonquine qui disait avoir possédé l’île de Montréal, occupaient le territoire compris entre Kingston, Vaudreuil et la rivière Rideau.