Page:Benoit L Atlantide.djvu/110

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— Le pays de la peur, — murmurai-je à voix basse.

Et Morhange répéta de même :

— Le pays de la peur.

Le singulier concert cessait, comme parurent au ciel les premières étoiles. Avec une émotion infinie, nous les vîmes s’allumer l’une après l’autre, les minuscules flammes d’azur pâle. En cette minute tragique, elles nous accordaient, nous, les isolés, les condamnés, les perdus, nous reliaient à nos frères des latitudes supérieures, ceux qui, à cette heure, dans les villes où surgit tout à coup la blancheur des globes électriques, se ruent dans une frénésie délirante à leurs plaisirs étriqués.

Chét-Ahadh esa hetîsenet
Mâteredjrê d-Erredjeâot,
Mâteseksek d-Essekâot,
Mâtelahrlahr d’Ellerhâot
Ettâs djenen, barâd tît-ennit abâtet.

Lente et gutturale, c’était la voix d’Eg-Anteouen qui venait de s’élever. Elle résonnait avec une majesté grave et triste dans le silence maintenant total.

Je touchai le bras du Targui. D’un geste de tête, il me montra au firmament une constellation clignotante.

— Les Pléiades, — murmurai-je à Morhange, lui désignant les sept pâles étoiles, tandis qu’Eg-