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six hommes, accroupis sur une natte, jouaient aux dés, en buvant du café dans de minuscules tasses de cuivre à longue tige.

C’étaient les Touareg blancs.

Une lanterne pendue au plafond éclairait en rond leur cercle. Tout autour de ce nœud régnait l’ombre la plus compacte.

Les visages noirs, les tasses de cuivre, les burnous blancs, l’obscurité et la lumière mouvantes composaient une singulière eau-forte.

Ils jouaient avec une gravité recueillie, annonçant les coups d’une voix rauque.

Alors, toujours doucement, doucement, je détachai la laisse du collier de l’impatient petit fauve.

— Va, mon fils.

Il bondit avec un glapissement aigu.

Ce que je prévoyais était arrivé.

Le premier bond d’Hiram-Roi l’avait porté au milieu des Touareg blancs, semant le désarroi dans ce corps de garde. D’un autre bond, il était rentré dans l’ombre. J’entrevis vaguement la bouche ténébreuse d’un second couloir, de l’autre côté de la pièce, vis-à-vis de celui où je m’étais arrêté.

« C’est là », pensai-je.

Dans la pièce, la confusion était indescriptible, muette cependant, et l’on voyait que la proximité d’une grande présence imposait cette réserve aux gardes exaspérés. Les mises et les carnets à dés avaient roulé d’un côté, les tasses de l’autre.