Page:Benoit L Atlantide.djvu/267

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de l’Académie française, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, un de ceux qui refusèrent jadis mon sujet de thèse, un de ceux… Pauvre Université, pauvre France !

Je ne l’écoutais plus. Je m’étais remis à lire. Mon front était baigné de sueur. Mais il me semblait que dans ma tête, claire comme une chambre dont on ouvre une à une les fenêtres, les souvenirs revenaient, ainsi que des colombes qui regagnent, en battant des ailes, leur pigeonnier.

« …À présent, un tremblement insurmontable la secouait toute ; et ses yeux se dilataient comme si une atroce vision les eût remplis d’horreur.

« — Antonello… — balbutia-t-elle.

« Et pendant quelques secondes, elle ne put prononcer d’autre parole.

« Je la regardai avec une indicible angoisse, et je souffrais en mon âme les contractions de ses chères lèvres. Et la vision qui était dans ses yeux passait dans les miens, et je revoyais le visage blême et émacié d’Antonello, et le rapide battement de ses paupières, et les ondes d’angoisse qui, investissant soudain son corps long et maigre, le secouaient comme un roseau fragile. »

Sans lire davantage, je jetai la revue sur la table.

— C’est bien cela, — dis-je.

Je m’étais servi, pour découper les pages, du couteau avec lequel M. Le Mesge avait tranché les cordes du ballot, un court poignard à manche d’ébène, un de ces poignards que les Touareg,