Page:Benoit L Atlantide.djvu/311

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Une immense pitié me prit de mon corps, une immense crainte de ce qui le menaçait dans ces grilles de boue. « Se peut-il, me répétai-je, que ce corps, ce cher corps, sans doute ce corps unique, en vienne aboutir là ! Non, non, corps précieux entre tous les trésors, je te le jure, je t’épargnerai cette ignominie, tu ne pourriras pas sous un numéro d’écrou, dans l’ordure d’un cimetière suburbain. Tes frères d’amour, les cinquante chevaliers d’orichalque, t’attendent, muets et graves, dans la salle de marbre rouge. Je saurai te ramener auprès d’eux. »


Un amour mystérieux. — Honte à celui qui étale le secret de ses amours. Le Sahara jalonne autour d’Antinéa son infranchissable barrière, c’est pourquoi les exigences les plus compliquées de cette femme sont en réalité plus pudiques et chastes que ne le sera ton mariage, avec son obscène luxe de publicité, les bans, les annonces, les faire-part informant un peuple gouailleur et vil qu’à telle date, à telle heure, tu auras l’avantage de violer ta petite vierge de quatre sous.


C’est tout, je crois bien, ce que j’avais à te dire. Non, quelque chose encore. Je te parlais tout à l’heure de la salle de marbre rouge. Il y a, au sud de Cherchell, la vieille Césarée, à l’ouest du petit fleuve Mazafran, sur une colline qui émerge au matin de brumes roses de la Mitidga, une mystérieuse pyramide de pierre. Les gens du pays l’ap-