Page:Benoit L Atlantide.djvu/85

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sâtre, molle et ballottée, filait désespérément dans le courant.

Mais ce qui, de prime abord, nous combla d’étonnement, fut de voir, bondissant parallèlement dans les éboulis des rochers de la berge, comme à la poursuite de l’épave, Bou-Djema, d’habitude si calme, et qui, en cette minute, semblait atteint de parfaite folie.

Tout à coup, je saisis le bras de Morhange. La chose grisâtre s’animait. Il en sortit un long cou pitoyable, avec un navrant appel de bête affolée.

— Le maladroit, — criai-je, — C’est un de nos chameaux qu’il a laissé échapper et que le torrent emporte.

— Vous vous trompez, — dit Morhange. — Nos chameaux sont au complet dans la caverne. Celui après lequel Bou-Djema est en train de courir n’est pas à nous. J’ajouterai que le cri d’angoisse que nous venons d’entendre, ce n’est pas Bou-Djema qui l’a poussé, Bou-Djema est un brave Chaamba qui, à l’heure actuelle, n’a qu’une idée : s’approprier le capital en déshérence que constitue ce chameau à vau-l’eau.

— Qui a crié alors ?

— Essayons, voulez-vous, — dit mon compagnon, — de remonter le cours de ce torrent, que notre guide est en train de descendre à si belle allure.

Et sans attendre ma réponse, il s’était déjà